Les croisières qui passent par le Var ont le vent en poupe

10 octobre 2014     / /

Les croisières : dans la rade de Toulon cohabitent bateaux de guerre, ferries pour la Corse, voiliers et pointus provençaux

En temps de crise, pas question, pour le Var, les Alpes-Maritimes et Monaco, de se passer d’une industrie qui génère 38 milliards d’euros de retombées économiques en Europe.

Les Français craquent pour la croisière. Longtemps, ils sont restés à quai, passant leurs vacances sur la terre ferme. Américains, Anglais, Allemands, Italiens ou Espagnols se répartissaient l’essentiel des cabines.

Au début du siècle, changement de tendance. En 2003, 212 000 compatriotes figuraient sur la feuille d’embarquement. L’an dernier, ils étaient 522 000 selon les chiffres communiqués par la branche française de Cruise Lines International (CLIA), une association qui fédère toutes les compagnies. La France a même dépassé l’Espagne en nombre de passagers, se hissant à la quatrième place dans le classement européen. Comme s’il suffisait de larguer les amarres pour oublier la crise économique… sauf pour nos voisins ibériques : – 19 % de fréquentation au cours des cinq dernières années, alors que notre pays est à +51 %.

Les croisiéristes s’amusent. Les compagnies en profitent : pour les transporter, ils commandent des bateaux à tour de bras. Vingt-quatre sont en commande d’ici à 2017, dans des chantiers européens. Et les ports d’accueil se livrent une concurrence farouche, surtout en Méditerranée occidentale. Il y a un gâteau de 16 milliards d’euros de « dépenses directes » à se partager. Chacun veut la plus grosse part.

D’autant que les perspectives sont souriantes. Emmanuel Joly, directeur commercial de la Royal Caribbean pour la France, explique pourquoi : « 3,3 % des Américains font une croisière tous les ans. » C’est quasiment la même proportion en Angleterre.

« En France, la proportion est de 0,8 %. » Les compagnies sont persuadées que ce retard sera comblé. Du moins, en partie. « Les Français ont la chance de vivre dans un pays superbe. Mais ils ont toujours aimé voyager. »

Le cap est fixé : un million de passagers, voire « 1,2 million dans une dizaine d’années ». Pour que cet objectif soit tenable, il faut que la situation économique s’améliore. Sinon… pas grave. Il y a, de toute façon, « un vrai potentiel de la croisière sur le marché français ».

Barcelone
2,5 millions de passagers en 2013 et un million de membres d’équipage qui ont rapporté, l’an dernier, 256 millions d’euros à la capitale catalane.
– Atouts : 300 jours de soleil par an. Et un nom qui rime avec tapas, sangria et ramblas. L’an dernier, la ville a attiré 7,5 millions de touristes. S’ajoutent un aéroport international et un port sur mesure pour la croisière, le quatrième au monde. Six terminaux spéciaux – « des infrastructures faciles d’accès », selon Emmanuel Joly (Royal Caribbean). Du coup, les compagnies désignent de plus en plus Barcelone comme tête de ligne. C’est là que commencent et finissent leurs croisières. La différence? 123 € de dépenses par voyageur contre 62 € lors d’une escale classique.
– Handicap : l’éloignement des capitales européennes.

Marseille
1,35 million de passagers cette année (+18 %). 515 escales.

– Atouts : un nouveau terminal de 16000 m2 qui lui permet d’accueillir simultanément six navires en tête de ligne. Un centre commercial attenant flambant neuf (Les Terrasses du Port).
– Handicaps : le vent, la météo sociale changeante, l’éloignement du centre-ville.
– Objectif : intégrer le top 5 des ports de croisière en Méditerranée d’ici à 2016.
Les ports varois
388000 passagers en 2013, dont 283000 à Toulon et La Seyne. Le reste à St-Tropez, Fréjus, St-Raphaël, Le Lavandou, Hyères, Sanary et Bandol.
– Atouts : une rade protégée, rassurante pour les commandants de bord. Un bon point de départ pour des excursions dans toute la région .Des retombées fortes : 216 euros de dépenses directes par passager qui profitent à de nombreuses communes varoises.

– Stratégie : attirer des compagnies plus haut de gamme, selon Laurence Cananzi, élue de la chambre de commerce, « pour se différencier de la concurrence ».
– Handicaps : la notoriété, le risque de saturation. Ainsi, en 2015, on comptera cinq escales au mouillage dans la rade, les jours où tous les postes à quais seront occupés.
– Objectif : 500000 passagers dans le Var en 2015. 145 escales déjà confirmées à Toulon/La Seyne (110 en 2014).
– Les projets : 1,5 Me investis dans un nouveau terminal croisières à La Seyne, courant 2015. Toulon a aussi besoin de nouveaux équipements.
Les ports azuréens
613000 passagers l’an dernier répartis entre Nice, Villefranche, Cannes, Antibes et Golfe-Juan. Un chiffre stable d’une année sur l’autre.La jauge passe à 863000 si l’on ajoute Monaco.
l Atouts : un concept magique, la Côte d’Azur, et un gros taux de satisfaction – 86 % des croisiéristes en escale veulent revenir dans le département. Le nom de Monaco est tout aussi mythique. Avec, en prime, un nouveau terminal croisières.

– Handicap : le manque d’infrastructures dans les A.-M. pour les gros bateaux. La Principauté n’a qu’un quai de 350 mètres pour les recevoir… C’est déjà pas mal.
– Stratégie : « plutôt le luxe que le marché des gros-porteurs », résume Franck Dosne, directeur des ports (CCI06).Monaco vise aussi le luxe et les départs de croisières (51 en 2013).
– Objectif : conserver le même nombre de passagers en 2015.Doubler d’ici à dix ans le nombre de croisiéristes venus d’Asie.

Publié dans VAR MATIN le jeudi 09 octobre 2014 à 08h10

 

 

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